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L’Iran va-t-il entrer en guerre contre Israël? | By Magdaline Boutros | Le Devoir
En entrevue au Devoir, Avi Melamed, ancien agent des services de renseignement israéliens et ancien conseiller pour les affaires arabes de l’ex-premier ministre Éhoud Olmert, affirme lui aussi croire que l’Iran n’attaquera pas l’État hébreu. « L’intérêt de l’Iran est de préserver le Hezbollah », soutient-il. Si une guerre totale avec Israël devait être déclenchée, « cela signifierait que le Hezbollah, déjà sévèrement affaibli [par les frappes israéliennes], pourrait être anéanti, ce qui ferait en sorte que l’Iran perdrait son plus important mandataire » dans la région.
Une perte qui représenterait une défaite majeure pour la République islamique, ajoute Avi Melamed. Le groupe chiite revêt une double utilité pour le régime des ayatollahs, dit-il, en lui permettant à la fois de garder sa mainmise sur le Liban et d’être « une carte de dissuasion au cas où les installations nucléaires iraniennes feraient face à une menace militaire ».
Avi Melamed croit également que le groupe n’aura d’autre choix que de quitter le sud du Liban. « Le Hezbollah répond à la puissance et à la force, et il sait faire ses calculs. Il est actuellement sévèrement affaibli », résume-t-il. Depuis lundi, Israël multiplie les bombardements sur des cibles du Hezbollah au Liban, affectant sévèrement la force de frappe de la milice chiite.
Y a-t-il un risque réel que l’Iran attaque Israël — son ennemi juré — pour défendre le Hezbollah, son allié libanais ? Malgré la rhétorique enflammée de l’ayatollah Khamenei, les experts s’entendent pour dire que la République islamique a peu d’intérêt à se lancer dans un affrontement ouvert avec l’État hébreu.
« Ce n’est pas un risque que l’Iran est prêt à prendre », laisse tomber Karim El-Mufti, professeur de relations internationales à Sciences Po Paris et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. « Je vois mal les Iraniens attaquer Israël. Ils vont essayer de négocier et de trouver une porte de sortie [pour le Hezbollah]. »
Hilal Khashan, professeur de science politique à l’Université américaine de Beyrouth, rappelle que l’Iran a créé le Hezbollah au début des années 1980 pour combattre en son nom. Dans le jeu de dés actuel, la République islamique cherche avant tout à se faire reconnaître comme une puissance régionale, analyse-t-il.
« L’Iran ne veut pas se battre contre l’Occident ni contre Israël. L’Iran fait en sorte que ses mandataires [proxies] provoquent des vagues dans la région, puis il dit : “Non, non, calmons la situation.” »
C’est d’ailleurs ce qu’a cherché à faire le président iranien, Massoud Pezeshkian, en proposant « une nouvelle ère de coopération » à l’Occident plus tôt cette semaine, à l’occasion d’un discours prononcé à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Une guerre régionale au Moyen-Orient « ne profiterait à personne », a-t-il ajouté. Un ton qui s’inscrit en faux avec le bellicisme habituel du guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, dont le champ lexical est fourbi de menaces incendiaires destinées à Israël.
En prenant la parole à l’ONU vendredi, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, n’a toutefois pas manqué de prévenir son ennemi qu’« il n’y a aucun endroit en Iran que le long bras d’Israël ne peut atteindre ». « Si vous nous frappez, nous vous frapperons », a-t-il averti.
Préserver le Hezbollah
En entrevue au Devoir, Avi Melamed, ancien agent des services de renseignement israéliens et ancien conseiller pour les affaires arabes de l’ex-premier ministre Éhoud Olmert, affirme lui aussi croire que l’Iran n’attaquera pas l’État hébreu. « L’intérêt de l’Iran est de préserver le Hezbollah », soutient-il. Si une guerre totale avec Israël devait être déclenchée, « cela signifierait que le Hezbollah, déjà sévèrement affaibli [par les frappes israéliennes], pourrait être anéanti, ce qui ferait en sorte que l’Iran perdrait son plus important mandataire » dans la région.
Une perte qui représenterait une défaite majeure pour la République islamique, ajoute Avi Melamed. Le groupe chiite revêt une double utilité pour le régime des ayatollahs, dit-il, en lui permettant à la fois de garder sa mainmise sur le Liban et d’être « une carte de dissuasion au cas où les installations nucléaires iraniennes feraient face à une menace militaire ».
Au printemps dernier, le régime iranien a d’ailleurs prévenu Israël qu’il avait « les mains sur la gâchette » pour répliquer à l’État hébreu si celui-ci menait des attaques ciblées contre ses sites nucléaires.
Accord sur le nucléaire
Actuellement, le gouvernement iranien cherche à sortir le pays d’une sévère crise économique déclenchée par le retrait américain en 2018 de l’accord sur le nucléaire. Le nouveau président iranien, Pezeshkian, a répété à l’ONU vouloir relancer les négociations pour parapher un nouvel accord et ainsi obtenir un allègement des sanctions occidentales.
Or, les précédentes négociations avaient en partie achoppé en raison du rôle dévolu par l’Iran à ses mandataires pour déstabiliser la région, rappelle le professeur Khashan. « En affirmant qu’il est prêt à renégocier le programme nucléaire, l’Iran indique donc qu’il veut trouver une voie diplomatique pour le Hezbollah, analyse l’expert. Ça ne laisse donc aucun doute que le Hezbollah devra abandonner le sud du Liban. »
L’Iran s’affairerait en ce moment à trouver un moyen de « retirer dignement » son allié chiite du territoire jouxtant Israël, ajoute M. Khashan. « Je pense qu’on finira par trouver une issue à cette crise. Mais seulement après avoir suffisamment affaibli le Hezbollah pour qu’il accepte un accord. »
Avi Melamed croit également que le groupe n’aura d’autre choix que de quitter le sud du Liban. « Le Hezbollah répond à la puissance et à la force, et il sait faire ses calculs. Il est actuellement sévèrement affaibli », résume-t-il. Depuis lundi, Israël multiplie les bombardements sur des cibles du Hezbollah au Liban, affectant sévèrement la force de frappe de la milice chiite.
L’objectif militaire d’Israël sera atteint parce que l’État hébreu « n’a pas d’autres options », ajoute l’ex-agent de renseignement. « Les communautés israéliennes du nord ne peuvent pas continuer à vivre sous la menace de missiles du Hezbollah. Aucun gouvernement israélien, quel qu’il soit, n’accepterait ça. »
Selon Karim El-Mufti, le Hezbollah, qui subit actuellement une importante « raclée », et l’Iran se sont fait prendre à leur propre piège. « À force de bluffer, de menacer, de parler de lignes rouges et d’escalade non contrôlée […] Israël a bien compris que le grand bluff du Hezbollah et de l’Iran ne tenait pas. »
L’Iran va-t-il entrer en guerre contre Israël? | By Magdaline Boutros | Le Devoir
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